Quand les enfants mentent : pourquoi et que faire ?

jeu, 11/10/2016 - 09:59 -- siteadmin

Mais pourquoi, nos enfants nous mentent-ils ? Parfois, c'est pour de bonnes raisons, d'autres fois, c'est pour exprimer une souffrance. Soyons attentifs ! La chronique de Nathalie Vancrayenest, coach parental spécialiste des enfants et de leurs problèmes.

Les motivations aux boniments et bobards sont nombreuses, Gérard Broyer, psychologue spécialiste de l'enfance, compte 12 "bonnes" raisons de raconter des « craques » dans son livre "Pourquoi les enfants nous mentent-ils?". Ce qui est certain, c’est qu’avant 3 ans l’enfant n’a pas la notion du mensonge, son monde est encore magique, ce qu’il pense existe ! Vers 4 ans, il découvre le pouvoir de son imagination, il déforme la réalité par jeu pour la rendre conforme à ses désirs.

Jusqu’à 7-8 ans, réel et imaginaire sont encore mal dissociés dans l’esprit de nos enfants. Ils fabulent et inventent des histoires. Ils ont un ou des amis imaginaires, pour projeter des parties d’eux-mêmes qu’ils vivent comme extérieures à eux. Parties qu’ils intégreront peu à peu. L’ami a peur du noir, il endosse les « fautes » et permet à l’enfant de se libérer des sentiments avec lesquels il est encore inconfortable.

A partir de 7 ans, les enfants commencent à percevoir la différence entre imaginaire et réalité. De plus, ils intériorisent la morale et le mensonge devient conscient.

Salades et bobards sont au service de leur image, quand ils font porter la faute à un autre par peur d’être sanctionné. Ils ont honte de leur maladresse. La situation est angoissante et ils n’ont pas le courage de reconnaître leurs bêtises.

Mentir pour « faire punir ce grand frère, cette grande sœur » si sûr(e) de lui/elle et dont il/elle est jaloux(se).

Mentir pour ne pas décevoir, pour ne pas faire de peine. L’enfant préférera dire qu’il n’a pas reçu son bulletin plutôt que de voir la déception dans les yeux de ses parents.

Mentir pour se mettre en avant et rehausser son statut social. Avoir des parents sévères et être « nul » en classe, permet aux pré-adolescents et aux adolescents d’obtenir le statut de « dur » et d’être respecté dans la cours de récréation.

Fabuler pour améliorer l’ordinaire, s’inventer des parents riches, des vacances au soleil et à la neige.

Prêcher le faux pour connaître le vrai, « Dis maman, c’est bien la cigogne qui apporte les bébés ? »

Silence prudent et histoires abracadabrantes seront au service de l’intimité et du jardin secret. Votre enfant, votre adolescent n’a plus envie de tout vous raconter. Alors, il dissimule et brouille les pistes.

Quand mentir devient un signal de souffrance

Mais parfois l’enfant ment pour cacher un drame. Il minimise et parfois nie ce qu’il vit pour protéger un parent maltraitant et entretenir l’image de perfection de sa famille.

L’enfant sous emprise d’une relation dominant-dominé dissimule, par honte et culpabilité, le harcèlement dont il est victime.

L’affabulation permanente, le mensonge trop souvent répété sont des signaux de souffrance. L’enfant ne supporte plus le réel et s’enfuit dans un monde virtuel. Le manque de sécurité intérieure et la culpabilité empêchent de dire les choses telles quelles. L’enfant perd confiance en lui, son sentiment de faiblesse s’accroît et le cercle vicieux : affabulation, culpabilité, affabulation se forme.

Comment réagir face aux inventions et supercheries en tout genre ?

D’abord, il est terrible de constater que nous souhaitons presque tous que nos enfants fassent preuve d’une belle imagination, mais nous ne supportons pas leurs histoires rocambolesques. Parce que ces histoires à dormir debout insinuent le doute dans notre esprit et le fait de ne pas pouvoir faire confiance à nos enfants nous est insupportable. Alors, comment agir pour que nos enfants ne s’installent pas dans un monde de mensonges ?

Jamais d’étiquette ! « Tu es un menteur » « Tu es une menteuse », le mensonge ne définit pas l’enfant. Il n’est qu’un comportement qui doit attirer notre attention d’adulte.

Les réactions sévères et autoritaires vont amener l’enfant à s’enfermer dans ses mensonges, à dissimuler par crainte des sanctions.

Vous n’êtes pas sûr qu’il mente, rappelez-lui la règle « La confiance nécessite la vérité », laissez-le s’expliquer. Evitez de lui faire honte et peur, car vous êtes la personne en qui il peut avoir confiance et à qui il peut tout confier.

Quand il dit la vérité, félicitez-le d’avoir assumé la vérité « j’apprécie la franchise » « je sais que ce n’est pas toujours facile ». Aidez-le et encouragez-le dans la réparation.

Si l’enfant s’entête et que vous êtes certain du mensonge, proposer lui d’écrire sa version des faits. L’intermédiaire de l’écrit rend l’aveu moins humiliant.

Attention toutefois, avant 7 ans il veut vous faire plaisir et être conforme à ce que vous attendez de lui. Donc, quand vous lui dites « c’est toi qui a fait cela » il comprend très bien que vous êtes fâché ; et il vous répond non, ce n’est pas moi et quand, il avoue que c’est lui, ce n’est pas nécessairement vrai.

Les aînés endossent souvent la responsabilité pour les plus jeunes, dans ce cas, menez l’enquête avant de punir (la sanction, peut-être la privation d’une activité non indispensable mais auquel il tient). Expliquez à ce cadet que son attitude est préjudiciable et que s’il continue vous ne pourrez plus lui faire confiance.

Distinguez la maladresse (casser une vitre avec un ballon) du mensonge (c’est l’autre qui a envoyé le ballon). Expliquez à l’enfant, qu’une maladresse peut être réparée, que la vérité est valorisante et qu’elle permet d’avoir confiance en lui.

Acceptez de ne pas tout savoir de la vie de vos enfants, de vos adolescents, eux aussi ont un « jardin secret ». Contentez-vous des mentions de sécurité (elles sont variables selon l’âge : Où ? Comment ? Quand ? Et pour les plus jeunes, avec qui ?)

Dans tous les cas, vous pouvez revenir à froid sur la règle et sur les raisons qui poussent à mentir. Expliquez les différentes formes de mensonges et leurs utilités : faciliter la vie en société, ne pas blesser, protéger, ...

En cas de souffrance, un tête-à-tête sans pression s’impose. Tentez de comprendre ce que l’enfant, l’adolescent tente de vous dire par ses mensonges, rassurez-le. Le cas échéant faites-vous aider par un professionnel.

Et pensez à vous, vos mensonges : quels sont vos petits arrangements avec la vérité ?

Par NATHALIE VANCRAYENEST

Source: La Libre.be

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