Comment apprendre les règles d’hygiène à son enfant

mer, 10/19/2016 - 11:39 -- siteadmin

« Lave-toi les mains », « prends ta douche », « brosse-toi les dents »… Il faut souvent faire preuve de patience et de persévérance pour enseigner la propreté à un enfant. Mais cet effort reste indispensable pour en faire des êtres présentables et en bonne santé.

Les conseils du docteur Frédéric Saldmann, auteur de plusieurs livres sur l’hygiène, à l’occasion de la journée du lavage des mains, le 15 octobre.

 « C’est une lutte quotidienne, lance Julie, maman de trois enfants âgés de 4 à 12 ans. Il faut constamment leur demander de se laver les mains, de se brosser les dents, de prendre leur douche… On a beau répéter ces consignes tous les jours, ils oublient de le faire si on n’est pas derrière eux. »

Laurence, maman de jumeaux, confirme : « Pour les motiver, je suis obligée de leur dire : c’est le bain ou les devoirs », raconte-t-elle mi amusée, mi sérieuse. Les témoignages de parents sur le manque d’hygiène de leur progéniture sont légion. Il suffit d’aborder le sujet à la sortie de l’école ou à la machine à café pour s’en rendre compte.

Pourquoi est-ce si difficile d’inculquer les règles de propreté aux enfants ? Parce que ces gestes quotidiens sont contraignants et que les petits n’en voient pas tout de suite l’utilité. « Il faut leur expliquer l’intérêt de l’hygiène en leur disant qu’il permet d’éviter beaucoup de maladies, tout en leur laissant le temps d’intégrer cette notion à leur rythme », conseille le docteur Frédéric Saldmann.

Les parents ne doivent donc pas s’alarmer lorsque cet apprentissage se fait lentement, d’autant qu’il y a des périodes de régression où les soins corporels peuvent devenir difficiles. « Au début de l’adolescence beaucoup de jeunes rechignent à passer sous la douche pour ne pas être confrontés aux transformations de leur corps », relève le médecin.

Pourquoi faut-il se laver les mains ?

Pour encourager un enfant à adopter les règles d’hygiène, il faut commencer par un peu de pédagogie. Lorsqu’il passe aux toilettes, les parents doivent lui expliquer qu’il a été en contact avec les microbes contenus dans les selles et qu’il doit se laver les mains pour éviter de tomber malade et de contaminer le reste de la famille.

Mais se laver les mains, cela ne signifie pas seulement les passer sous l’eau, comme le font beaucoup d’enfants. « Le lavage se fait avec du savon en frottant bien entre les doigts et en les essuyant à une serviette sèche » pour enlever les bactéries qui restent à la surface de la peau, recommande Frédéric Saldmann, qui insiste aussi sur la nécessité d’avoir une serviette éponge pour chacun dans la salle de bains.

Outre les toilettes (sur lesquelles il faut par ailleurs rabattre le couvercle avant de tirer la chasse), le lavage de mains est également indispensable avant de passer à table et en rentrant de l’école, afin d’éliminer les microbes ramenés de l’extérieur. « Ce simple geste permet de diminuer de 35 % les maladies respiratoires et digestives », rappelle le médecin.

Pourquoi prendre une douche ?

Si les enfants comprennent assez vite l’utilité du lavage de menottes pour rester en bonne santé, il est souvent plus difficile de les convaincre des bienfaits de la douche – le bain étant généralement mieux accepté car d’avantage assimilé au jeu. « À 12 ans, mon frère faisait la grève de la douche, se souvient Marie, aujourd’hui âgée de 23 ans. Il allait dans la salle de bains et ouvrait le robinet pour faire croire qu’il se lavait ! »

Isabelle, maman de deux enfants, confie aussi, un peu gênée, que son fils de 11 ans ne prend pas plus de deux douches par semaine. Sa fille de 13 ans, en revanche, passe « presque trop de temps » à se laver, dit-elle. « Lorsque les adolescents commencent avoir des petits copains ou des petites copines, ils veulent se pomponner et découvrent les vertus de l’hygiène », analyse Frédéric Saldmann. « La douche permet d’éliminer les déchets produits par les bactéries qui donnent les mauvaises odeurs et évite les irritations de la peau. Il est important d’en prendre une tous les jours, en commençant par le haut du corps. »

Pour la toilette intime, le médecin conseille aux petites filles de se laver de l’avant vers l’arrière (comme elles doivent le faire pour s’essuyer aux toilettes) et aux garçons de bien décalotter le gland. L’idéal est de se laver avec un pain dermatologique ou un gel douche au pH neutre qui respecte cette partie du corps.

Pourquoi se brosser les dents ?

Le brossage des dents reste l’autre cheval de bataille des parents. « Cela a été notre combat pendant de longues années se souvient Perrine, maman d’un garçon aujourd’hui père de famille. Nous n’avons jamais réussi à faire en sorte que le brossage de dents devienne un réflexe chez notre enfant. » La maman s’en amuse aujourd’hui, car le jeune homme s’en est sorti avec une dentition saine, mais une mauvaise hygiène bucco-dentaire entraîne l’apparition de caries et d’infections, sans oublier la mauvaise haleine.

« Il est important de se brosser les dents au moins deux fois par jour, le matin et soir, pour éliminer les déchets de nourriture qui attirent les bactéries » explique encore Frédéric Saldmann. Il est également important de ne pas mettre toutes les brosses à dents dans le même verre pour éviter l’échange de microbes. De même qu’il faut racheter une nouvelle brosse à dents si on a été malade. »

Vécus comme des contraintes par les enfants, ces petits gestes simples nous évitent pourtant bien des maladies. « Jusque dans les années 1960, l’école enseignait l’hygiène, mais depuis l’apparition des antibiotiques l’institution ne fait plus rien dans ce domaine », regrette le docteur Saldmann.

Aujourd’hui, cette éducation repose sur les seuls parents, alors qu’ils ont parfois du mal eux-mêmes avec la propreté. Selon un sondage BVA, publié en 2013, 20 % des Français ne se douchaient pas tous les jours et 12,5 % ne se lavaient pas toujours les mains en sortant des toilettes. « Avant d’expliquer les règles aux enfants, les parents doivent d’abord les appliquer eux-mêmes, souligne Frédéric Saldmann. Je crois beaucoup à la valeur de l’exemple dans l’éducation. »

Par Paula Pinto Gomes

Source: La Croix

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