Journée des enseignant(e)s : l’ONU appelle à investir davantage dans la reprise de l’apprentissage afin d’éviter une déroute

mar, 10/06/2020 - 14:34 -- siteadmin

Les chefs de plusieurs agences onusiennes ont lancé un appel à investir davantage et d’urgence dans la reprise de l’apprentissage suite à la crise de la Covid-19, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s.

 « Sans mesures d'urgence et sans augmentation des investissements, la crise de l'apprentissage pourrait se transformer en déroute », ont averti la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore, le Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder, et le Secrétaire général de l’Internationale de l’éducation, David Edwards, dans une déclaration conjointe. 

Ils ont souligné les dégâts occasionnés par la crise de la Covid-19 en matière d’éducation, signalant que près de 1,6 milliard d'apprenants – soit plus de 90% de la population étudiante mondiale – avait été pénalisés par les fermetures d’écoles liées à la Covid-19 et que plus de 63 millions d'enseignants avait également été touchés.

« Aujourd'hui, nous célébrons collectivement les enseignants, qui font preuve d'un engagement sans relâche envers leurs étudiants et contribuent à la réalisation, d'ici à 2030, des cibles de l'objectif 4 de développement durable. Nous rendons hommage aux éducateurs dont la contribution a été et continue d'être déterminante pour répondre à la Covid-19 et s'en relever », ont-ils ajouté.

Plus que de simples enseignants

La pandémie a mis en évidence la contribution essentielle des enseignants en faveur de la continuité de l'apprentissage et de la santé mentale et du bien-être de leurs étudiants, expliquent Mme Azoulay, Mme Fiore et M. Ryder.

« Pendant cette crise, les enseignants ont une fois de plus fait preuve de grandes qualités de leadership et d'innovation, veillant à la continuité pédagogique et à ne laisser aucun élève de côté », ont-ils loué, ajoutant que « partout dans le monde » les enseignants avaient travaillé individuellement et collectivement pour trouver des solutions et créer de nouveaux environnements d'apprentissage pour leurs élèves, afin d’assurer la poursuite de l'enseignement.  

Ils ont fait valoir les conseils apportés par les enseignants sur les plans de réouverture des établissements scolaires et le soutien qu'ils fournissent aux élèves dans le cadre du retour à l'école.

« Le moment est venu de réinventer l'éducation et de concrétiser la vision d’une égalité d’accès à un enseignement de qualité pour chaque enfant et chaque adolescent », ont affirmé les chefs de l’UNESCO, de l’UNICEF et l’OIT.

Une crise qui s’ajoute à d’autres crises de l’apprentissage 

La crise de la Covid-19 a révélé les faiblesses de nombreux systèmes éducatifs et exacerbé les inégalités, avec des conséquences désastreuses pour les populations les plus marginalisées, ont expliqué les agences onusiennes. 

« Déjà, avant la Covid-19, plus de la moitié des enfants âgés de dix ans vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire n'étaient pas capables de comprendre un récit simple à l'écrit », ont-ils précisé.

Selon des récentes études de l’UNESCO, il y aurait des lacunes en matière de formation des enseignants qui seraient donc « mal préparés à faire face aux difficultés qui se posent à eux ».

En Afrique subsaharienne, seulement 65% des enseignants du primaire et 51% des enseignants du secondaire possèdent les qualifications minimales requises, chiffres qui s’élèvent respectivement à 74% et 77% en Asie du Sud. 

Aussi moins des deux tiers des pays forment leurs enseignants à l’inclusion et quatre pays sur dix seulement abordent la formation à l’inclusion dans leurs législations et leurs politiques.

Par ailleurs, au niveau mondial, il faudrait 69 millions d’enseignants pour assurer l’éducation primaire pour tous d’ici à 2030, conformément aux Objectifs de développement durable des Nations Unies, soit un effectif proche de l’ensemble du corps enseignant des cycles primaire et secondaire en 2019.

Penser l'après Covid-19 : investir dans le numérique

Les chefs d’agences onusiennes ont appelé à penser l'après Covid-19 et renforcer la résilience de nos systèmes éducatifs, afin de répondre « de manière rapide et efficace » à cette crise et à d'autres du même ordre. 

« Pour cela, il nous faut protéger le financement de l'éducation, investir dans une formation initiale de qualité pour les enseignants et poursuivre la formation professionnelle du personnel enseignant déjà en place », ont-ils précisé. 

Pour les hauts responsables de l'ONU, la solution passe par un renforcement des compétences et infrastructures numériques à des fins pédagogiques.

« Si nous voulons renforcer leur résilience en temps de crise, tous les enseignants doivent recevoir les compétences numériques et pédagogiques nécessaires pour enseigner à distance, en ligne et à l'aide d'approches d'apprentissage mixte ou hybride, quel que soit l'environnement technologique dont ils disposent », ont affirmé Mme Azoulay, Mme Fiore et M. Ryder.  

Selon eux, il incombe au gouvernements de garantir des infrastructures et une connectivité numériques partout sur leur territoire, y compris dans les régions rurales et isolées.

Protéger la sécurité, la santé et le bien-être des enseignants

Selon les agences onusiennes la responsabilité  des  gouvernements,  des  partenaires  sociaux  et  d'autres acteurs clés à l'égard des enseignants est encore plus grande dans le contexte de la Covid-19. 

« Nous appelons les gouvernements à protéger la sécurité, la santé et le bien-être des enseignants, à préserver leurs emplois, à continuer d’améliorer leurs conditions de travail et à les impliquer, ainsi  que les organisations qui les représentent, dans l'approche éducative adoptée pour répondre à la pandémie et s'en relever », ont ajouté les chefs des trois entités onusiennes.

Le moment est venu de reconnaître le rôle des enseignants, qui veillent à ce qu'une génération d'élèves puisse réaliser pleinement son potentiel, ainsi que l'importance de l'éducation dans la relance, la croissance économique et la cohésion sociale à court-terme, pendant et après la crise de la Covid19, ont conclu les hauts responsables.

Trois initiatives éducatives novatrices primées

À l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s, le Prix UNESCO-Hamdan bin Rashid Al-Maktoum, qui est soutenu par les Émirats arabes unis et vise à améliorer l’efficacité de l’enseignement et l’apprentissage, devait être décerné aux programmes suivants :

La plate-forme Escolas Conectadas (Écoles connectées) de la Fondation Telefónica Vivo, au Bresil, lancée en 2015 pour promouvoir l’ouverture des éducateurs à la culture numérique et encourager l’acquisition des compétences du XXIe siècle chez les élèves. En 2019, 65.000 éducateurs de toutes les régions de ce pays lusophone ont bénéficié des 38 cours de formation à distance qu’elle propose.

Le programme School Transformation Journey de la Fondation Educate Me, dont la mise en œuvre s’étend sur trois ans et qui a pour objectif de développer les capacités des éducateurs pour en faire des spécialistes de l’apprentissage du XXIe siècle, en mettant l’accent sur une culture d’autonomie. À ce jour, quelques 6.000 éducateurs de 430 établissements d’enseignement publics, dans sept gouvernorats d’Égypte, ont pu bénéficier de ce programme.

Le programme Apps for Good, mis en œuvre depuis 2015 par le Centre pour l’inclusion numérique du Portugal, incite élèves et enseignants à développer des applications pour smartphones ou tablettes informatiques, leur faisant ainsi découvrir les potentialités des technologies pour transformer leurs communautés. Au cours des six dernières années, 13.080 élèves et 1.133 enseignants de 448 écoles ont participé à ce programme et mis au point plus d’un millier de solutions technologiques.

Source : ONU Info

https://news.un.org/fr/story/2020/10/1079082