Le Suicide: la quatrième cause de mortalité chez les 10-14 ans

Sujet délicat dont les causes sont nombreuses et parfois difficiles à identifier, le suicide d’enfants est un phénomène souvent tabou. Peu étudié au niveau international, il semble pourtant être en augmentation ces dernières années.

Définition

Un enfant ou un adolescent suicidaire est une personne mineure qui envisage ou a prévu de mettre fin à ses jours.

Le suicide d’enfant désigne l’acte par lequel un enfant provoque volontairement sa mort. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas d’une simple envie de mourir, mais d’un ultime moyen d’échapper à une grande souffrance ou à une situation pour laquelle l’enfant ne voit aucune sortie possible.

La tentative de suicide désigne l’acte par lequel un enfant fait exprès de se blesser ou de se mettre dans une situation dangereuse dans le but de provoquer sa mort, sans y parvenir. Les tentatives de suicide ne sont cependant pas toujours des essais ratés. Beaucoup sont considérées comme une manière désespérée d’attirer l’attention sur les problèmes ou le mal-être rencontrés par l’enfant.

Données sur le suicide d’enfants dans le monde

Le suicide d’enfants est un sujet tabou dans la plupart des pays. Si le suicide des adolescents est de plus en plus étudié, il existe encore peu d’enquêtes scientifiques sur le suicide des plus jeunes (moins de 13 ans), et aucune étude d’envergure internationale sur le suicide des mineurs en général.  Pourtant, les raisons de leur passage à l’acte sont souvent différentes de celles des adultes.

Le suicide d’enfants est parfois difficile à identifier, car l’enfant vit dans l’instant présent et a plus de mal à parler de son mal-être que les adultes. Le suicide des plus jeunes est, de plus, souvent confondu avec un accident : ils se seraient trop penchés par la fenêtre ou auraient traversé la route au mauvais moment, par exemple. D’autre part, les décès de nombreux enfants sans famille et/ou en situation de rue ne sont pas soumis à une enquête ou même enregistrés par les autorités dans certains pays, ce qui rend toute statistique ou étude difficile.

D’après les quelques études existantes, principalement menées dans des pays développés, les enfants qui se suicident sont plus souvent des garçons, tandis que les tentatives de suicides sont principalement perpétrées par des filles.

Une étude menée aux USA révèle que le suicide y est la quatrième cause de mortalité chez les 10-14 ans et la troisième chez les plus de 15 ans. Le suicide d’un enfant de 7 ans a même été rapporté. Lors de deux enquêtes suisses menées en 2004 sur des 11-15 ans et des 16-20 ans, environ 8% des filles et 3% des garçons ont avoué au moins une tentative de suicide au cours de leur vie.

La plupart de ces études notent une tendance à la hausse des suicides d’enfants et la pratique de plus en plus précoce de comportements à risque jusque-là attribués aux seuls adolescents.

Causes de suicide chez les enfants et adolescents

La fin de l’enfance et le début de l’adolescence sont des périodes difficiles présentant de nombreux défis (changements hormonaux, charge de travail ou scolaire croissante, relations personnelles plus tumultueuses…) et donc favorables aux pensées négatives.

Cependant, parler d’un seul facteur déclencheur du suicide est inexact. Si un évènement très marquant (perte d’un proche, divorce des parents, déménagement, agressions…) peut pousser à passer à l’acte, il s’agit très souvent de la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il est ainsi plus exact de parler de causes multiples et de circonstances aggravantes.

Facteurs personnels

Les facteurs les plus souvent mentionnés sont psychiques (dépression, troubles anxieux, personnalité antisociale) et comportementaux (agressivité, consommation importante de drogue ou d’alcool).

Facteurs familiaux

L’environnement familial joue également un grand rôle s’il n’offre pas à l’enfant un cadre suffisamment sécurisant tout au long de sa croissance. L’abandon, la négligence, la maltraitance ou encore la perte de repères culturels (notamment lors de déplacements forcés) et le manque de perspectives d’avenir peuvent ainsi favoriser des tendances suicidaires. De manière générale, l’isolement est une importante cause de suicide.

Autres facteurs

Par ailleurs, d’autres facteurs plus ponctuels ou spécifiques à certains pays peuvent aussi être pris en compte, comme la cyberdépendance (dépendance aux jeux vidéo ou à Internet), le harcèlement à l’école ou encore les violences subies à cause de l’orientation sexuelle ou de l’appartenance à une minorité.

Ainsi au Japon, où les autorités ont du mal à gérer ce phénomène, les maltraitances et harcèlements entre élèves ont été impliqués dans 14 des 40 cas de suicides d’enfants rapportés entre 1999 et 2005.

Le cas des minorités

A cause des violences physiques comme psychologiques et des discriminations sociales et culturelles dont ils sont victimes, les taux de suicide des jeunes issus des minorités indiennes au Brésil et aborigènes en Australie, par exemple, sont quatre fois plus élevés que les taux nationaux de ces pays.

Prévention du suicide d’enfants

Détection d’attitudes suicidaires

L’identification et la compréhension des indices donnés par l’enfant avant de passer à l’acte est importante pour pouvoir agir et empêcher les suicides. Les parents et autres personnes proches de l’enfant doivent donc faire attention à son comportement et à ses activités afin de détecter les signes pouvant révéler une dépression, voire des pensées suicidaires.

Voici une liste de symptômes qui peuvent être inquiétants, surtout si l’enfant en présente plusieurs :

-sommeil perturbé (plus court ou plus long)

-perte d’appétit et/ou de poids

-isolement

-perte d’intérêt pour ses activités favorites

–fugue

-agressivité verbale et/ou physique

-usage abusif de drogues ou d’alcool

-apparence et hygiène négligées

-prise de risques non nécessaires

-intérêt pour la mort

-diffusion de messages inquiétants sur internet

-baisse des notes ou troubles inhabituels à l’école

-difficultés de concentration

-pensées négatives sur ses qualités, ses réussites…

Mesures à prendre

La mesure la plus importante est une présence attentive de la famille et des personnels éducatifs. Ils doivent soutenir l’enfant et ne pas négliger ou banaliser ses sentiments et problèmes, surtout s’il traverse une période de stress ou des changements profonds dans sa vie. Il faut chercher à le sortir peu à peu de ses pensées suicidaires ou de son comportement destructeur.

Les membres du personnel éducatif (professeurs, médecins scolaires) devraient être formés à repérer les signes et à y répondre. Les parents qui soupçonnent leur enfant d’avoir des pensées suicidaires peuvent, dans la plupart des pays, contacter des lignes d’écoute et de conseils ou consulter des sites internet sur le sujet. Les enfants eux-mêmes peuvent contacter ces mêmes numéros s’ils ne trouvent personne dans leur entourage pour parler de leurs soucis.

Si les symptômes révèlent une situation grave, il est important de faire évaluer son enfant par un médecin afin de déterminer s’il souffre de troubles mentaux ou comportementaux. Cela permettra par la suite de lui donner les soins appropriés : soins psychiatriques ou psychologiques, prescription de médicaments, ou encore hospitalisation si nécessaire.

Source : Humanium